Vendredi, 1 février 2019

Politique immobilière : une gabegie inacceptable

Le Ville de Neuchâtel est propriétaire de nombreuses parcelles et constructions laissées à l'abandon - certaines fois carrément insalubres. Une négligence qui dure depuis des années : nous demandons au Conseil communal que cela change.

Par Sylvie Hofer-Carbonnier, députée et cheffe de groupe au Conseil général de la Ville de Neuchâtel

 

Reconnaîtrez-vous l’endroit de Neuchâtel dont je vous parle ? Il s’agit d’un terrain vague qui se trouve au sud de la rue Jehanne-de-Hochberg. Situé à quelques minutes à pied du centre-ville (il y a même un ascenseur public aux abords de la Tour des prisons), il surplombe le lac, fait face aux Alpes et est au sud du Jardin du Prince. Bref, c’est un endroit rêvé pour s’y installer.

 

Sauf que ce terrain incroyablement bien placé est vide depuis plus de dix ans, hormis la tente (une yourte plus précisément) d’un artiste de temps à autre. Et ce terrain appartient à la Ville de Neuchâtel, donc à nous tous. Le groupe Vert’libéraux/PDC ne se satisfait pas de cette situation. Nous l’avons fait savoir au Conseil communal en l’invitant à agir enfin. Et, au passage, nous lui avons demandé si la Ville était propriétaire d’autres parcelles qui, elles aussi, seraient inexploitées.

 

Dans sa réponse, le Conseil communal nous informe avoir mis en place en mars 2018 un groupe de travail chargé de recenser les sites constructibles sur le territoire communal et de faire des propositions de valorisation. Mais on ne sait toujours pas pourquoi il ne s’est rien passé pendant une dizaine d’années alors que le Conseil communal est censé gérer les biens immobiliers de la Ville dans l’intérêt des habitant-es et des contribuables neuchâtelois.

 

La parcelle rue Jehanne-de-Hochberg, hélas, n’est pas la seule propriété immobilière dont la Ville de Neuchâtel ne profite pas. A l’occasion de la discussion au Conseil général sur le budget 2019, nous avons appris qu’une quinzaine d’appartements dont la Ville est propriétaire ne sont pas loués car ils sont tout simplement insalubres !

 

Le comble, c’est que Neuchâtel connaît une (relative) pénurie de logements, pénurie qui a tendance à faire augmenter les loyers. Autrement dit, la Ville, en ne mettant pas ces appartements sur le marché, contribue indirectement à la hausse des loyers, alors même qu’elle subventionne par ailleurs d’autres appartements.

 

Le comble (bis), c’est que le Conseil communal, dans son programme de législature, s’est fixé comme objectif de favoriser la domiciliation, donc de permettre à de nouveaux habitants de trouver un logement en ville de Neuchâtel. Entre les belles déclarations et l’application de mesures relativement simples, il y a encore un gouffre…

 

Le patrimoine immobilier a été manifestement mal géré ces dix dernières années, à tel point que nous aimerions savoir ce qui s’est passé. Il est inacceptable que tant de biens immobiliers communaux aient été laissés à l’abandon. Et surtout, une fois cela fait, il s’agira d’établir un programme de valorisation de ce patrimoine: rénovations, constructions, locations, etc. Ce programme est essentiel puisqu’il permettra d’atteindre pas moins de trois objectifs: augmentation des recettes (locations, mise à disposition, voire vente, recettes fiscales supplémentaires); augmentation de l’offre de logements et, enfin, diminution de l’impact environnemental liés aux mouvements des pendulaires.

 

Il y a de quoi faire, bien faire, dans l’intérêt de tous!